Les jeunes organisent une conférence sur le leadership I est une étude de cas qui illustre les défis qui se posent lorsque les jeunes ne prennent pas soin d’elles-mêmes et d’eux-mêmes. On s’attend souvent à ce que les militantes et militants soient des ‘rock stars’ qui en prennent autant que possible sur leurs épaules. La frontière est mince entre l’engagement et le surmenage; le surmenage est souvent encouragé, ce qui peut compromettre les études, le travail et la santé.
Imaginez que des jeunes dans votre ville organisent une conférence sur le leadership. Beaucoup de jeunes s’inscrivent pour ce qui s’annonce être une expérience passionnante, inspirante et enrichissante. Il y a de l’énergie dans l’air, ce qui pousse le comité organisateur à voir de plus en plus grand. Les cibles de participation augmentent, de même que le budget, la taille des lieux, le coût et le calibre des performances musicales prévues. Le comité organisateur s’emballe.
Malheureusement, les niveaux de stress et la charge de travail augmentent aussi. Alors que l’évènement approche à grands pas et que la pression monte, et que tout le monde à d’autres responsabilités au niveau de l’école ou du travail, certaines personnes commencent à se retirer du comité organisateur. Ces personnes sont trop occupées et doivent se concentrer sur leurs autres engagements plutôt que sur la conférence. Entre temps, un petit groupe de personnes (dont vous faites parti[l1] ) en fait les frais. Vous êtes toujours excité à l’idée de la conférence, mais cela ressemble de plus en plus à une épreuve insurmontable.
Vous vous demandez comment vous vous êtes retrouvé dans cette galère. Vous essayez de vous fixer des limites, mais vos camarades se disent débordé-e-s et vous avez l’impression que ce serait les laisser tomber que de vous fixer des limites ou prendre du recul. On vous dit que votre stress est un « problème de pays riche » et que beaucoup de gens ont des problèmes bien plus graves à gérer; vous vous serrez les dents et vous vous promettez de passer à travers. Plus vous êtes épuisé et stressé, plus vous recevez des compliments. On vous dit que vous êtes exceptionnel, que vous faites du si bon travail et que l’événement ne pourrait pas avoir lieu sans vous. Vous commencez à y croire. Vous avez du mal à dormir la nuit à cause du stress mais vous vous réveillez quand même tôt parce qu’il y a tant à faire, et que si vous ne faites pas, personne ne le fera à votre place.
La fin de semaine de la conférence arrive enfin et défile à toute allure. Vous passez quelques beaux moments à rencontrer des vedettes et à danser avec vos amies et amis, mais vous passez surtout la fin de semaine à courir comme une poule sans tête. Lorsque la conférence se termine, c’est un soulagement. Vous tombez malade pendant trois jours et devez ensuite vous replonger dans toutes les choses que vous aviez mises de côté pour vous concentrer sur l’organisation de la conférence. Votre santé mentale en a sérieusement pris un coup et vous ne savez même plus pourquoi vous avez voulu vous embarquer dans ce projet en premier lieu. Lorsqu’on propose de faire de la conférence un événement annuel, vous et les autres membres du comité organisateur rejetez immédiatement l’idée.