Le dialogue offre une forme différente d’engagement. Il s’agit de créer du sens ensemble, de réfléchir aux problèmes d’une manière nouvelle et d’explorer voire d’aménager un terrain d’entente. Le dialogue délibératif va plus loin et demande aux gens de faire un choix en comparant des valeurs et des priorités contrastées, en pesant le pour et le contre, et en définissant des compromis acceptables. Il constitue une pierre angulaire de la démocratie participative, grâce à laquelle les citoyennes et les citoyens peuvent résoudre ensemble des problèmes qui se posent à leur collectivité ou à leur société et développer de robustes savoir-faire citoyens qui dépassent largement le fait d’aller aux urnes une fois tous les quatre ans.

Dans le meilleur des cas, le dialogue délibératif peut alimenter le changement personnel, relationnel et social. Par exemple, lors d’un processus vécu récemment, des citoyens se sont réunis pour délibérer sur les changements climatiques, identifier des solutions et formuler des recommandations aux élus municipaux (décideurs) de manière à influencer les programmes et les politiques. Pour réussir à s’acquitter d’un mandat aussi impressionnant, les citoyens ont dû explorer leurs propres hypothèses et leurs propres valeurs – sur les changements climatiques, sur l’économie, sur le gouvernement, sur la citoyenneté – et trouver un terrain d’entente.  Choisis de manière aléatoire, ils sont arrivés avec des points de vue différents. Ils ont entendu des exposés qui illustraient des perspectives différentes et ils ont posé des questions. Ils ont fait une réflexion critique sur le problème en cause. Et ils ont commencé à s’écouter vraiment les uns les autres, et à explorer ensemble certaines idées. Cet exercice a fait tomber les préjugés qu’ils avaient les uns à l’endroit des autres. Il en a émergé une nouvelle perception et de nouvelles idées dont le groupe s’est servi pour arriver à une entente sur des valeurs et des principes dont ils ont pu s’inspirer pour formuler leurs recommandations aux décideurs.

Mais le dialogue délibératif comporte des défis dans le travail que nous faisons. Lorsque des citoyens se réunissent pour réfléchir à des enjeux de société complexes, rien ne garantit qu’ils arriveront aux solutions que nous voudrions prôner en tant qu’ONG. Il nous faut renoncer à contrôler les résultats du dialogue. Nous savons aussi que le dialogue ne débouche pas nécessairement sur l’action – individuelle ou collective – et que lorsqu’il le fait, il peut aller dans un sens différent de celui que nous avions prévu comme ONG.

Questions pour la réflexion:

  • Comment se servir du dialogue délibératif pour mieux collaborer entre nous avec d’autres parties prenantes?
  • Pouvons-nous reconnaître que les citoyens font preuve de jugement, même quand ils choisissent d’autres solutions que celles que nous proposons?
  • Comment jeter un pont du dialogue à l’action? (Est-il nécessaire de le faire?) Qui doit définir l’action?
  • Comment présenter les perspectives des citoyens aux décideurs politiques?