Le suivi et l’évaluation sont importants pour toutes les activités d’engagement du public. Le suivi consiste à surveiller la progression dans l’atteinte des objectifs d’un programme. L’évaluation consiste à mesurer systématiquement le progrès accompli en fonction de buts précis. L’effort de suivi et d’évaluation est essentiel pour établir si le changement social recherché se produit effectivement et pour corriger en conséquence les façons de faire.

En engagement du public, le suivi et l’évaluation importent pour quatre raisons complémentaires:

  1. pour progresser et atteindre les résultats espérés;
  2. pour améliorer notre programmation en tant que praticiennes et praticiens en engagement du public;
  3. pour nous permettre de communiquer efficacement avec notre réseau et avec les parties prenantes au programme; et
  4. pour justifier devant nos bailleurs de fonds le besoin de continuer de financer l’engagement du public.

Dans les entrevues et les groupes de discussion organisés en 2012 par le Réseau de coordination des conseils avec des praticiennes et des praticiens en engagement du public de tout le Canada, le fait de mesurer l’efficacité de l’engagement du public est ressorti comme l’une des cinq priorités d’apprentissage entre pairs. Mais le suivi et l’évaluation en engagement du public peuvent poser de grosses difficultés. Ces difficultés ont été évoquées fréquemment dans ce Pôle de connaissances comme chez les praticien-ne-s et les organisations d’engagement du public.

Aussi ce Pôle de connaissances s’est-il fixé pour objectif d’articuler et de partager les bonnes pratiques visant à surmonter ces difficultés. Comme groupe, nous avons formulé un certain nombre d’obstacles et de lacunes en lien avec le suivi et l’évaluation en engagement du public, notamment:

  • la tendance à ne présenter des rapports qu’aux bailleurs de fonds, en fondant notre suivi et notre évaluation sur les exigences des bailleurs de fonds plutôt que sur les objectifs du programme ou de l’organisation. On pourrait résumer cette tension en opposant l’évaluation pour les bailleurs de fonds à l’évaluation en fonction de l’apprentissage et de l’engagement des parties prenantes.
  • le manque de ressources humaines et financières pour le suivi et l’évaluation – autre symptôme de l’évaluation pour les bailleurs de fonds plutôt qu’en fonction de l’apprentissage et de l’engagement des parties prenantes. Si on n’accorde de l’importance au suivi-évaluation qu’en fonction des besoins des bailleurs de fonds, on n’investira pas le temps et les ressources nécessaires pour mesurer les indicateurs internes des besoins de formation à long terme de l’organisation en engagement du public. Ces indicateurs internes porteront sur la cueillette et l’analyse des données (les participants indiquent en quoi leur comportement a changé), ce qui exige un plus grand investissement de temps et de ressources que les données quantitatives demandées par un bailleur de fonds (nombre de participant-e-s).
  • la diversité des types d’engagement du public a donné naissance à une grande diversité d’outils, qui ne sont pas regroupés dans un lieu centralisé. Par ailleurs, on ne sait pas bien quels sont les outils et les méthodes qui sont vraiment adéquats et rigoureux.
  • l’engagement du public est difficile à mesurer. Il n’est souvent pas quantifiable, et il n’est pas facile de cerner ce qui entraîne le changement des connaissances ou des comportements. Qu’on y ajoute des cibles d’engagement imprécises, comme « le grand public », et l’accent placé sur des campagnes à court terme, et la mesure des résultats devient vraiment difficile.

Le contexte dans lequel s’effectuent le suivi et l’évaluation fait que la définition même de l’engagement du public fluctue selon les endroits et les moments (Weber 2012). Notre boîte à outils a donc tenu à proposer une nouvelle définition de l’engagement du public qui tienne compte du contexte dans lequel se fait actuellement l’engagement du public au Canada:

L’engagement du public est la pratique qui cherche à inspirer, à soutenir et à interpeller les personnes et les groupes au sein de cercles dynamiques d’apprentissage, de réflexion et d’action sur les enjeux globaux. L’engagement du public est un processus de transformation qui vise à instaurer des structures sociales, économiques, environnementales et politiques plus équitables.

Enfin les Principes d’Istanbul constituent un guide important pour l’engagement du public et pour le suivi-évaluation. Ces principes concernent le changement personnel, relationnel et sociétal, et s’appliquent donc à tous les niveaux de l’engagement du public. Il n’y a pas de recette magique qui garantisse la perfection à votre organisation en matière de suivi-évaluation, mais vous aurez au moins un excellent départ si vous axez la planification et la mise en œuvre de votre suivi-évaluation sur l’esprit des Principes d’Istanbul et « l’autonomisation [empowerment] des gens ».