C’est la réflexion de Laurel LaBar-Ahmed, un enseignant de la Saskatchewan, sur sa contribution à l’éducation à la citoyenneté mondiale.

Texte produit par Laurel Labar-Ahmed

Au début de l’année scolaire, j’avais le défi d’engager activement 37 élèves de 8e année en études sociales tout en satisfaisant aux résultats et aux indicateurs du programme. J’avais commencé à me préparer plusieurs mois auparavant et je savais que je voulais commencer l’année en abordant de différents points de vue les enjeux liés à l’alimentation.

Pour commencer le cours, j’ai utilisé plusieurs articles récents de magazines et de journaux, des études de cas pertinentes et des activités de discussion. J’ai trouvé une bonne source documentaire dans Rethinking Globalization: Teaching for Justice in an Unjust World. Une fois la classe engagée dans une réflexion sur les questions de justice alimentaire, j’ai présenté un texte publié en 2002 par le Conseil canadien de coopération internationale (CCCI) « Pour alimenter la réflexion : Parler de ce qui importe en matière de commerce international des aliments », qui est un guide pour les délibérations publiques.Nous avons regardé brièvement les trois approches qu’utilise ce guide pour analyser le commerce des aliments, après quoi j’ai divisé la classe en six groupes qui devaient devenir des experts sur l’une de ces approches.

Une fois que les groupes eurent apprivoisé les arguments pour et contre de leur approche, j’ai demandé à deux membres par groupe de se joindre à des membres des deux autres groupes dans le cadre d’une activité d’apprentissage croisé. Ces nouvelles équipes, six en tout, se sont expliqué les différentes approches et ont poursuivi la discussion. Cette étape s’est conclue par une discussion avec toute la classe. Les élèves étaient régulièrement invités à garder un esprit ouvert et à noter les questions qui leur venaient en étudiant les trois approches.

Après l’examen en plénière des problèmes relatifs au commerce des aliments, la classe s’est mise à creuser des sujets d’enquête sur les enjeux alimentaires. Les élèves pouvaient travailler seuls, avec un-e partenaire ou en groupe de trois. Pour les aider dans leur démarche, je leur ai fourni une série de questions adaptées d’un projet pilote manitobain, le Citizenship and ustainability Grade 12 Global Issues Pilot Course.

Tous les élèves sans exception ont pu trouver un sujet qui les intéressait personnellement. Toutes et tous se sont montrés très motivés et très engagés dans leur projet de recherche. Différentes références ont été mises à contribution: livres, articles, sites Web et vidéos pertinentes, ainsi que des entrevues personnelles avec des personnes ressources de l’endroit, ce qui était une exigence du projet. On notera qu’il peut parfois être difficile de trouver des personnes à interviewer, mais ça vaut le coup. Les élèves devaient ensuite présenter leurs travaux oralement et par écrit.

Parallèlement, j’ai fait participer mes élèves au festival d’automne « Field to Fork » de Regina, au visionnement du documentaire « Hijacked Future » sur l’alimentation, présenté à l’Université de Regina, et au congrès-jeunesse « Organic Connections » sur les enjeux alimentaires. Ces trois sorties ont été rendues possibles par le réseau de soutien que j’ai pu bâtir avec les années au sein de la collectivité. Un tel appui est essentiel à la réussite des classes d’éducation planétaire que je donne. En outre, il apporte d’autres points de vue sur les problèmes à l’étude et aide à cultiver la pensée critique.

Un dernier point, mais non le moindre, c’est que j’ai veillé à ce que ma classe vive une composante d’action, en l’occurrence, notre congrès jeunesse « Pour alimenter la réflexion ». Nous avons travaillé en partenariat avec le Saskatchewan Council for International Co-operation (SCIC) pour la conception et l’animation du congrès, ce qui a permis de bien penser l’événement. Après quoi, les élèves ont planifié le congrès et vu à la préparation du repas de midi, donné ou planifié certains des ateliers, réservé les locaux et l’équipement, pris contact avec les médias, et fait bien d’autres choses encore. Deux élèves de 8e année ont vu à la coordination de l’ensemble, et il y avait nombre de sous-comités et de mandats, ce qui a permis d’impliquer tous les élèves. Un inconvénient d’une participation aussi intense, c’est que des élèves de 8e année se voyaient parachutés d’un atelier ou d’une tâche à l’autre pour répondre aux besoins. Néanmoins, tout le monde a été d’accord pour dire que le congrès avait été une réussite et une expérience formidable.

Si on pense évaluation, je ne saurais trop souligner qu’elle doit être permanente. J’ai eu recours à la grille que voici:

  • Processus d’enquête (apprentissage croisé, discussion, choix des sujets et questions provoquées, autoévaluation et évaluation par les pairs) 25%
  • Produit final (présentations orales, travaux écrits) 25%
  • Tâches d’analyse critique (énoncé des thèses, analyse comparative, réponses aux questions venant de l’enseignante, etc.) 25%
  • Volet du projet d’action (Planification du congrès « Pour alimenter la réflexion », mise en œuvre, autoévaluation et évaluation par les pairs, évaluation par la collectivité et les participant-e-s, etc.) 25%

Pour d’autres idées sur l’évaluation, je recommande fortement de lire le manuel manitobain « Grade 12 Global Issues: Citizenship and Sustainability Suggested Assessment and Evaluation Model »,actuellement à l’état d’ébauche.

Questions pour la réflexion

  • Pourquoi pensez-vous que ce projet a eu autant de succès? Quels sont les éléments qui ont contribué à sa réussite?
  • Serait-il possible de faire participer votre collectivité à des projets que vous lanceriez? Est-ce important?
  • Pour les élèves, quels seraient certains des apprentissages à long terme du projet « Pour alimenter la réflexion »?
  • Comment les personnes qui ont participé à ce projet en ont-elles toutes bénéficié?
  • Pensez-vous que ce projet soit un bon exemple d’éducation à la citoyenneté mondiale, même s’il ne faisait pas appel à des partenaires de l’étranger? Pourquoi?

Les derniers rapports du groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire.

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