Nous avons pensé que, dans le cadre d’une discussion sur l’engagement jeunesse, il était essentiel d’aborder la question de savoir comment prendre soin de soi car, comme le dit l’auteur Michael Albert, « si on ne s’amuse pas en œuvrant pour le changement social, les probabilités que l’on continue de s’engager sur le long terme et lors de moments difficiles sont grandement réduites » (citation traduite de l’anglais).

Malheureusement, bien trop souvent les jeunes qui s’impliquent dans des causes sociales se sentent dépassé-e-s par l’ampleur des enjeux de justice mondiale, par l’apathie qui les entoure, par un sentiment d’isolation et par l’impression de travailler en vain. Les jeunes sont toujours plus à risque de souffrir de dépression et d’autres problèmes de santé mentale, mais le risque est accru chez les jeunes militantes et militants qui font déjà face à l’épuisement. En tant que praticiennes et praticiens de l’engagement du public, nous nous devons d’aborder la question et d’offrir des outils pour savoir prendre soin de soi et des autres, en particulier chez les groupes avec qui nous travaillons de façon régulière.

Il peut également y avoir une dimension genre aux problématiques d’épuisement et à la façon dont elles sont abordées. La majorité des personnes qui écrivent sur le thème de l’auto-prise en charge et de la santé personnelle sont des femmes; des conseils qui banalisent le problème (en suggérant par exemple de prendre un bain chaud ou de manger du chocolat) s’adressent généralement aux femmes; et les livres consacrés au sujet sont souvent ornés de jolis petits motifs à coquillages. Les hommes peuvent donc être réticents à reconnaître et à avouer leur propre sentiment d’épuisement, avant et après les faits.

Par ailleurs, on nous conseille tellement souvent de prendre soin de nous-mêmes (surtout les femmes) en mangeant du chocolat, en prenant des bains parfumés ou en faisant de la « thérapie de magasinage » que nous oublions comment prendre réellement soin de nous même. Cela a surtout pour effet de nourrir la culture d’hyperconsommation dans laquelle nous vivons qui a tendance à affaiblir nos réseaux communautaires et à nous isoler les uns et les unes des autres.