À faire :

  • Veiller à réviser périodiquement votre théorie du changement (ou l’autre modèle avec lequel vous aurez choisi de travailler) pour vous adapter à des résultats inattendus. Même s’il est important d’avoir une idée précise de ce que vous voulez réaliser, la pratique peut vous amener à voir que vous devez encore adapter vos objectifs. Faites preuve d’esprit critique, de réflexion et de souplesse pour améliorer votre modèle. C’est ce qu’on appelle « l’apprentissage en double boucle », par lequel les organisations ne se contentent pas d’apporter des changements à leurs programmes et à leurs activités, mais « reviennent sur leurs hypothèses et leurs théories à la lumière de leurs résultats ».
  • Prendre le temps de faire le point, après chaque activité d’engagement du public. Vous pouvez réfléchir aux questions suivantes : Qu’est-ce qui était censé arriver? Qu’est-ce qui est arrivé de fait? Pourquoi? Consignez vos observations dans un rapport interne, de manière qu’à l’avenir le personnel puisse tirer les leçons de votre expérience au lieu de répéter les mêmes erreurs ou de devoir tout reprendre à zéro. Après chacune de vos activités d’engagement du public, prenez le temps de revenir sur ce qui a fonctionné, sur les résultats inattendus à incorporer dorénavant au projet, et à ce qui pourrait être amélioré. Le rapport sert à apprendre pour s’améliorer, pas seulement à répondre aux questions des bailleurs de fonds.

À ne pas faire :

  • Ne modifiez pas votre théorie du changement à tout bout de champ. Votre théorie du changement peut être évolutive, mais elle reste un document fondamental qu’on ne doit pas modifier sans y avoir mûrement réfléchi. Les changements que vous apporterez finiront par avoir un impact sur vos méthodologies et donc aussi sur vos données, ce qui rendra plus difficiles l’analyse statistique et la comparaison des données.
  • N’allez pas croire que vous n’avez « pas le temps » de réfléchir, ou que vous pourrez le faire « plus tard ». Si vous ne prenez pas le temps de réfléchir après chaque activité, votre équipe finira par perdre encore plus de temps à force de répéter les mêmes erreurs à chaque nouvelle activité, et la qualité de l’évaluation de votre engagement du public en souffrira.

Point de vue pratique

« Notre campagne d’engagement du public auprès d’enseignant-e-s, d’étudiant-e-s et de syndiqué-e-s canadiens sur des enjeux globaux a eu des effets inattendus et non recherchés, que nous ont révélés nos activités régulières de suivi. Un de nos partenaires canadiens a spontanément créé un fonds permanent de solidarité internationale, financé directement par ses membres. C’est un résultat direct de notre travail d’engagements sur les enjeux du développement international, mais ce n’était pas un résultat que nous avions envisagé et cela ne faisait pas partie de notre théorie du changement. Nous avons appris, nous avons adapté notre approche, et nous avons ajouté la création d’un fonds international comme un « échelon » possible de l’échelle d’engagement que nous proposons. »

– Chargée de programme dans une petite ONG

« À l’étape de la planification, nous avons élaboré deux modèles logiques: un pour les changements recherchés sur le terrain en matière de réduction de la pauvreté, et l’autre pour les changements de comportement désirés (engagement du public) afin d’appuyer la réduction de la pauvreté au Canada. Quoique complémentaires, les deux modèles logiques ont été utilisés et appliqués séparément et selon des approches différentes. Le suivi régulier de nos résultats nous a aidés à comprendre que les modèles logiques pour le Canada et pour l’étranger gagneraient à être plus intégrés, afin de faire mieux voir en quoi l’engagement du public soutient concrètement les initiatives de développement international en plus des changements d’attitude ou de comportement qu’on veut provoquer au Canada. C’est la prochaine étape pour nous. »

– Spécialiste en engagement du public dans une grosse ONG